10 janvier 2007

La maladie de la langue bleue...

Risque de s'installer en Europe!!
Apparue à Maastricht (Pays-Bas), au mois d'août 2006, l'épizootie de la maladie de la langue bleue semble s'être éteinte avec les premiers frimas de décembre. Elle aura, au total, atteint plus de 2 000 élevages de bovins et d'ovins. L'Allemagne (867 élevages), la Belgique (695) et les Pays-Bas (452) ont été les plus touchés, loin devant la France (6) et le Luxembourg (5).

La société française Mérial travaille sur un vaccin

Dans leur avis du 22 novembre 2006, les experts de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) formulaient plusieurs recommandations quant à la conduite à tenir en 2007. Ils soulignent, notamment, qu'en cas d'apparition de foyers de fièvre catarrhale en Europe du Nord, le "véritable moyen de lutte" est un vaccin à la fois "efficace et inoffensif" - c'est-à-dire fait à partir d'un virus inactivé contre le sérotype 8. Compte tenu des délais nécessaires à sa fabrication et à l'obtention d'une autorisation de mise sur le marché, ils estiment que la probabilité de disposer d'un tel vaccin en 2007 est "très faible" mais qu'elle sera "plus élevée" en 2008. La société française Mérial travaille sur ce prototype vaccinal.
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Imposées par la réglementation sanitaire internationale, les mesures drastiques et coûteuses de lutte contre cette maladie ont - en bloquant les transports et le commerce des animaux et des produits dérivés dans les zones concernées - permis de prévenir l'extension géographique du virus pathogène.

Pour autant les scientifiques sont loin d'être, aujourd'hui, en mesure de répondre aux nombreuses questions soulevées par l'émergence sans précédent de cette maladie tenue, jusqu'à présent, pour exotique en Europe et qui pourrait réapparaître en 2007.

Identifiée d'abord en Afrique du Sud, la maladie de la langue bleue (ou fièvre catarrhale ovine) est une infection due à un virus de la famille des Reoviridae, dont on connaît vingt-quatre sérotypes différents. Elle touche d'ordinaire les ovins (la mortalité peut atteindre 30 %), mais aussi les bovins, les caprins, les dromadaires et certains ruminants sauvages. Après une incubation d'une durée comprise entre cinq et vingt jours, la maladie se caractérise par une forte fièvre, diverses lésions (inflammations, ulcères, érosions et nécroses) de la muqueuse buccale, accompagnées d'un oedème et d'une cyanose de la langue. Quand la mort ne survient pas, la guérison s'accompagne d'alopécie (chute des poils) et de stérilité.

Ce virus est transmis par Culicoides, mouche de très petite taille qui infecte les animaux en les piquant. "Le virus existe dans des pays situés dans une large zone, qui s'étend du 40e degré nord au 35e degré sud", expliquait-on, il y a quelques années encore, à l'Office international des épizooties. A la fin du XXe siècle, les épidémiologistes ont observé, pour la première fois, une extension d'un foyer infectieux gréco-turc vers la Bulgarie et la Roumanie. De nombreux pays du Maghreb étaient alors également concernés.

Durant l'été 2000, une épizootie massive (20 000 ovins atteints dans près de 1 400 élevages) a été observée en Sardaigne, puis dans les îles Baléares et en Corse-du-Sud, où des traitements par insecticides des cheptels ovins ont été mis en oeuvre et suivis d'une campagne de vaccination qui n'a pas empêché le retour de la maladie, en 2001.

Alors que tous les services vétérinaires du sud de la France s'étaient mobilisés en cas d'apparition de la maladie, celle-ci a été, à la grande surprise des épidémiologistes vétérinaires, diagnostiquée, au milieu du mois d'août 2006, dans la région de Maastricht, avant de se développer, dans un premier temps, aux confins des frontières belge, néerlandaise et allemande.

D'autres surprises ont suivi. Contrairement aux épizooties précédentes, les bovins ont été aussi touchés que les ovins. On a découvert que le virus en cause était un sérotype (le numéro 8) qui n'avait pas été identifié depuis longtemps. Après de nombreux tâtonnements dus à l'inquiétante raréfaction des spécialistes d'entomologie, l'Office international de la santé animale (OIE) a annoncé, fin octobre, que le vecteur responsable était Culicoides dewulfi, un moucheron piqueur d'environ 2 mm, voisin mais différent de Culicoides imicola, connu jusqu'à présent pour être à l'origine de cette maladie animale sur le continent africain ainsi que dans le sud de l'Europe.

Tout laisse penser que Culicoides dewulfi s'est aujourd'hui adapté au climat européen, alors que Culicoides imicola est nettement plus sensible au froid, ce qui ne plaide pas en faveur du possible rôle joué par le changement climatique. "Tous ces éléments suggèrent que le germe pathogène pourrait rester dans la région européenne aujourd'hui concernée, avec le risque de nouveaux cas au printemps, lorsque l'activité de ce moucheron est très élevée, avertissait, en octobre, Bernard Vallat, directeur général de l'OIE. Le virus responsable de la maladie animale, transporté par ce vecteur, a maintenant le potentiel de s'étendre géographiquement sur le continent européen. Cela va contraindre les pays qui font le négoce d'animaux à actualiser leur surveillance épidémiologique. Des recherches pour un vaccin contre ce sérotype viral 8 sont donc désormais indispensables."

L'avis, daté du 22 novembre 2006, de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) "sur le risque de développement de la fièvre catarrhale ovine dans le nord de l'Europe" est plus nuancé. Les experts de l'Afssa insistent sur la nécessité de mettre en place une étroite surveillance dans une zone à risque délimitée par les villes de Mons, Ostende (Belgique), Dordrecht (Pays-Bas), Münster et Coblence (Allemagne).

Ils estiment, par ailleurs, qu'il serait souhaitable de connaître l'origine et les modalités d'introduction du virus. Car, cinq mois après son apparition, rien ne permet encore de comprendre comment cet agent pathogène a pu, à la mi-août, apparaître à Maastricht.

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